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Commentaires du Prof. Dr. Hannu Luomajoki sur des études scientifiques

L'auto-efficacité, ou efficacité personelle, est un facteur essentiel pour les pronostics en physiothérapie

L’évidence indique que l’auto-efficacité joue un rôle essentiel en tant que facteur de protection et médiateur entre douleur et handicap chez les personnes souffrant de douleurs musculo-squelettiques chroniques.

Dans une étude, le rôle de l’auto-efficacité lors des pronostics de douleurs musculosquelettiques chroniques fut examiné systématiquement et évalué d’un oeil critique. Le choix de l’étude futeffectuée sur la base d’études longitudinales qui ont examiné la valeur pronostique de l’auto-efficacité lors de douleurs musculo-squelettiques chroniques. Un total de 27 caractéristiques répondaient aux critères d’admission.Les résultats indiquèrent que les niveaux plus élevés d’auto-efficacité sont liés aux facteurs suivants :

  • capacité fonctionnelle physique importante
  • activité physique
  • état de santé
  • capacité de travail
  • satisfaction avec la performance
  • conviction de l’efficacité
  • basse intensité de la douleur
  • handicap
  • activité de la maladie
  • symptôme dépressif
  • présence de points sensibles
  • fatigue et présentéisme


Malgré la piètre qualité des données probantes des études incluses, les cliniciens devraient être encouragés à indentifier, avant la prescription d’une thérapie, les personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques qui montrent une faible autoefficacité. Cela peut aider les médecins dans le processus décisionnel clinique lors de consultations ponctuelles et spécifiques avec d’autres prestataires de soin de santé.

Postface :

Cet article présente des résulats prometteurs sur le rôle de l’auto-efficacité lors des pronostics des douleurs musculo-squelettiques chroniques. Conseil pratique : pour évaluer l’auto-efficacité, un questionnaire ASKU peut être pris en compte :

1. En cas de difficulté, je peux compter sur mes capacités. □1 □2 □3 □4 □5
2. Je peux gérer la plupart des problèmes par moi-même. □1□2 □3 □4 □5
3. Je peux, en général, également effectuer des tâches ardues et compliquées. □1 □2 □3 □4 □5


Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Martinez-Calderon J, Zamora-Campos C, Navarro-Ledesma S, Luque-Suarez A. J Pain. 2018 Jan;19(1):10-34.

Beierlein C. et al (2013): Kurzskala zur Erfassung allgemeiner Selbstwirksamkeits-erwartungen (ASKU). Methoden, Daten, Analysen · 2013, Jg. 7(2), S. 251-278 DOI: 10.12758/mda.2013.014

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La sensation de raideur dans le dos n’est pas liée à la constatation physique de la raideur

Une nouvelle étude montre que la sensation de raideur dans le dos n’est pas liée à la mobilité mesurée au niveau segmental. Il a en outre été constaté que la sensation de raideur varie si le patient perçoit le bruit d’une « articulation sèche » tandis qu’une pression est exercée sur son dos.

Un groupe de chercheurs d’Australie sous l’égide du professeur Lorimer Moseley (auteure principale : Tasha Stanton) a publié dans la célèbre revue scientifique « Nature » un article portant sur trois expériences liées au phénomène de « sensation de raideur » dans le dos. Les participants se composaient de 15 patients souffrant de douleurs chroniques du dos et de 15 patients ne ressentant aucune douleur au niveau du dos. Allongés sur le ventre, un appareil exerçait une pression sur certains points précis. La force appliquée ainsi que le mouvement généré au niveau du segment vertébral ont été mesurés.

Les participants ont été invités à évaluer sur une échelle de 0 à 100 la force exercée ainsi que la sensation de raideur dans le dos.

Les résultats ont fourni des éléments intéressants. D’une part, aucune corrélation n’a été constatée entre la force exercée et le mouvement généré au niveau du segment et la sensation subjective de raideur des participants. D’autre part, il a été constaté que les patients souffrant de douleurs chroniques du dos ont surévalué la pression de la force exercée. Plus les erreurs d’estimation de la force de pression étaient importantes, plus la sensation de raideur ressentie était jugée forte par les participants. Par ailleurs, il a été constaté chez l’ensemble des participants que la sensation de raideur changeait lorsqu’ils entendaient l’enregistrement du « bruit d’une articulation sèche » tandis qu’une pression était exercée sur leur dos.

Les auteurs en concluent que la sensation de raideur n’est pas liée aux caractéristiques biomécaniques de la mobilité du dos et avancent qu’elle pourrait avoir tendance à signifier : « le dos doit être protégé ».

Ils déclarent aussi que les sensations subjectives concernant le dos doivent toujours être considérées dans leur contexte. /p>

Postface :

Le groupe de chercheurs est connu pour ses études démontrant que la sensation de douleur est subjective et que les douleurs proviennent toujours du cerveau. Ce dernier est en mesure de générer une image des sensations corporelles, qui ne doit avoir aucun corrélatif physique. Les résultats remettent en question la mesure dite « objective » de la mobilité. Si la sensation de raideur n’est pas liée à la biomécanique, la question du traitement approprié doit être élucidée. Ainsi, une sensation de raideur pourrait en principe être traitée aussi par la parole – « Explain Pain », – comme l’affirme Moseley.

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Stanton, T.R., et al., Feeling stiffness in the back: a protective perceptual inference in chronic back pain. Sci Rep, 2017. 7(1): p. 9681

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Les exercices à domicile effectués avec des applications online sont plus efficaces que ceux réalisés avec des documents papier

Un nouveau résultat de recherche parle en faveur de l’utilisation des applis en lignes pour effectuer les exercices à la maison. L’utilisation d’applications en ligne est de plus en plus pratiquée dans tous les domaines de la vie, la physiothérapie n’y a pas échappé. Les exercices d’adhésion sont plus efficaces pratiqués avec des moyens modernes qu’avec des instructions remises sur papier.

L’étude a récemment été publiée dans le journal de physiothérapie le plus renommé au monde, l’australien « Journal of Physiotherapy ». Le groupe de chercheurs de Sydney a randomisé 80 patients souffrants de douleurs musculo-squélétiques aux extrémités supérieures et inférieures en deux groupes. Après une visite unique chez le physiothérapeute, les personnes testées ont reçu un programme d’exercices de 3 à 6 exercices à réaliser en 4 semaines. Les exercices du groupe expérimental furent envoyés aux participants via App sur leur propre smartphone. Pour les motiver, les participants de ce groupe ont de plus été contactés par téléphone et soutenus. Les patients avaient également la possibilité de contacter les thérapeutes par mail. Le groupe de contrôle reçu lui les exercices sur support papier. Ils n’ont pas été contactés par téléphone, mais ont été priés de se rendre 4 semaines plus tard pour être examinés.

Le résultat le plus important fut la fréquence auto-déclarée des exercices effectués. Les résultats fonctionnels ont également été utilisés (PSFS), ainsi que l’amélioration générale des douleurs et la satisfaction de la thérapie.

Les résultats du groupe expérimental étaient statistiquement significativement meilleurs. En terme d’adhésion, mais aussi de fonctionnalité, le groupe expérimental n’était que de 10 % meilleur que celui de contrôle. Ceci explique qu’en terme de satisfaction, plus particulièrement l’amélioration générale de leur situation, la différence entre les deux groupes ne soit pas significative.

Les auteurs constatent que les exercices dont les instructions ont été données par smartphone ont été effectués avec plus d’assiduité et que la fonction telle que mesurée auprès des patients par l’ »échelle spécifique fonctionnelle » (PSFS) était de 10 % supérieure qu’avec les patients qui reçurent les exercices de façon traditionnelle. Du fait de cette faible différence, la pertinence des résultats ne peut pas ici être mise en évidence.

Postface :

La digitalisation influence de plus en plus notre quotidien. En physiothérapie, il est clair que ce n’est pas la thérapie en elle-même qui est le plus important, mais bien ce que font les patients après la thérapie. Il est aisé de comprendre que la fréquence des exercices via un smartphone, que l’on a toujours avec soi, sera plus élevée que ceux sur papier, ces derniers pouvant être facilement oubliés quelque part. La pertinence de la motivation téléphonique des thérapeutes reste quant à elle non définie dans l’étude. Le temps est certainement venu d’utiliser les technologies modernes pour maintenir et renforcer l’adhésion des patients.

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Lambert, T. E., L. A. Harvey, C. Avdalis, L. W. Chen, S. Jeyalingam, C. A. Pratt, H. J. Tatum, J. L. Bowden and B. R. Lucas (2017). "An app with remote support achieves better adherence to home exercise programs than paper handouts in people with musculoskeletal conditions: a randomised trial." J Physiother 63(3): 161-167.

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Soulagement des douleurs grâce au kinésiotapin - Traitement de l'arthrose du genou

Une nouvelle étude montre que le kinésiotaping a des effets positifs sur la perception de la douleur et sur la fonctionnalité au quotidien des patients qui souffrent d’arthrose du genou.

Le groupe de recherche turque a récemment publié ses résultats dans une revue spécialisée américaine. Il a randomisé 42 patients (âge moyen 55 ans ; IMC 30) en deux groupes. Un groupe fut traité avec du kinésiotape selon la méthode de Kenzo Kase. Le tape en forme de Y fut appliqué, en tout 3 fois sur environ 3 semaines, de haut en bas sur le quadriceps et les ischio-jambiers avec une pression de 25 %. Un Taping placebo fut appliqué sur les personnes du groupe de comparaison. Le tape lui-même était identique (kinesiotape), mais par contre 2 bandes ont été posées en travers des muscles antérieurs et postérieurs, sans tension supplémentaire. Après la première et troisième application et après 4 semaines, les paramètres suivants ont pu être mesurés : la marche, les escaliers, se relever d’une chaise et s’y rasseoir et le questionnaire Womac. Les douleurs (EVA), la puissance et l’amplitude (ROM) furent aussi mesurés.

Les résultats ont montré une réduction statique signifiante des douleurs, améliorant la mobilité et la capacité de flexion du genou. La mobilité en extension et la force restèrent quant à elles égales dans les deux groupes. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que la stimulation des récepteurs mécaniques a une influence bénéfique sur la mobilité des fascias et pourrait avoir contribué aux résultats positifs. Ils reconnaissèrent que l’échantillonage était relativement petit et du fait qu’une seule personne a traité tous les patients, les effets placebo ne sont pas à exclure (le thérapeute traitant savait qui recevait un Taping placebo ou pas).

Postface :

Il y a déjà plusieurs études qui ont essayé d’étudier les effets au quotidien de la méthode très populaire du Kinésiotaping. La plupart du temps, les résultats obtenus sont maigres, mais semblent avoir cependant un effet positif sur les douleurs. Cette étude a été méthodologiquement bien décrite, (bien que l’échantillonage fut petit). Du fait que l’étude, respectivement par le thérapeute traitant, n’a pas été effectuée à l’aveugle, les résultats ont pu être déformés. Mon avis est que les effets positifs peuvent également s’expliquer aussi par une perception du corps améliorée. Quoi qu’il en soit, les patients souffrant d’arthrose du genou ont pu profiter du Taping !

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Does Kinesio Taping of the Knee Improve Pain and Functionality in Patients with Knee Osteoarthritis? A Randomized Controlled Clinical Trial (2017). Mutlu EK, PT, PhD, Mustafaoglu R, PT, MSc, Birinci T, PT, and Ozdincler AR, Prof Dr. Am J Phys Med Rehabil 2017;96:25–33

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Les exercices ciblant l’omoplate sont efficaces pour traiter les problèmes de la manchette des rotateurs

Une nouvelle analyse méthodique des études consacrées aux douleurs de l’épaule révèle qu’il est bénéfique aux patients atteints de problèmes de la manchette des rotateurs de faire des exercices ciblant l’omoplate (la scapula).

D’un point de vue biomécanique, il est parfaitement compréhensible que la position et la fonction de l’omoplate joue un rôle majeur dans le fonctionnement de l’articulation gléno-humérale. De même, l’intérêt clinique se porte souvent sur l’omoplate (centrage, mobilité, force, dénouement de contractures). Mais que disent les études à ce sujet ?

Un groupe de chercheurs britanniques a effectué une analyse méthodique sur ce thème. Pour ce faire, ils ont trouvé 7 études impliquant 312 patients au total afin de savoir si une approche ciblant l’omoplate présente des effets en plus du traitement local de l’articulation gléno-humérale. Parmi les résultats obtenus, quatre études enregistraient des douleurs et trois études se traduisaient par un handicap dans la vie quotidienne en raison de douleurs à l’épaule.

Les études ont été vérifiées à l’aide d’un petit nombre d’échantillons et elles se sont différencié les unes des autres par les techniques employées. De ce fait, il s’est avéré difficile de comparer directement les diverses études. Toutes les études avaient cependant en commun le fait, que le groupe expérimental recevait un traitement spécifique et était soumis à des exercices visant à stabiliser, à mouvoir et/ou à contrôler l’omoplate. Tant dans le groupe expérimental que dans le groupe témoin, tous les patients ont été traités au niveau de l’articulation gléno-humérale et même de la manchette des muscles rotateurs. Tous les patients se plaignaient de la manchette des rotateurs (rupture, inflammations, coincement ou altérations dégénératives).

Dans l’ensemble, les résultats indiquent des effets positifs, statistiquement significatifs, aussi bien pour soulager la douleur que pour améliorer le degré de handicap dans les groupes ciblant l’omoplate. Les résultats divergeaient peu toutefois entre les groupes et ces écarts ne persistaient que durant une période maximale de 6 semaines. C’est pourquoi les résultats doivent être interprétés avec prudence et les auteurs constatent que d’autres études couvrant des échantillons plus grands s’imposent.

Postface :

L’analyse soulève un thème important d’actualité. Les études montrent clairement que la procédure physiothérapeutique est tout aussi efficace que l’opération pour la plupart des douleurs de l’épaule (coincement ou problèmes de manchette de rotateurs). Or, les avis sont partagés sur les mesures et les approches physiothérapeutiques exactes à mettre en œuvre. Une partie primordiale de la gestion des douleurs consiste à cibler l’omoplate (stabilisation, centrage, contrôle). Cette analyse laisse apparaître la tendance positive de ce type de procédure. L’omoplate ne saurait être négligée pour soigner les problèmes de la manchette des rotateurs. Une nouvelle étude de grande envergure ayant examiné 1000 patients souffrant de l’épaule a également mis en lumière de manière captivante qu’un pronostic favorable pour la rééducation de l’épaule découle de l’évolution des troubles induite par le positionnement de l’omoplate (Chester, R. & Lewis, J. 2016). C’était le seul et unique facteur physique d’un bon pronostic en plus de nombreux facteurs psychosociaux!

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Bury, J., M. West, G. Chamorro-Moriana and C. Littlewood (2016). "Effectiveness of scapula-focused approaches in patients with rotator cuff related shoulder pain: A systematic review and meta-analysis." Man Ther 25: 35-42

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Il est préfèrable du traiter les douleurs dorsales avec des sous-groupes d'entraînement spécifiques qu'avec des exercises d'ordre général

Une nouvelle analyse méthodique des études consacrées aux douleurs de l’épaule révèle qu’il est bénéfique aux patients atteints de problèmes de la manchette des rotateurs de faire des exercices ciblant l’omoplate (la scapula).

Une nouvelle étude finlandaise a comparé les exercices de contrôle du mouvement à un programme général en cas de douleurs dorsales subaigües. Les patients avec des douleurs dorsales ont d’abord été divisés en sous-groupes selon le système de Peter O’Sullivan. N’ont été retenus dans l’étude que les pa- tients souffrant d’un dysfonctionnement du contrôle du mouvement. Les auteurs de l’étude ont voulu vérifier si des patients à problèmes spécifiques doivent être traités avec un programme de reforcement spécifique ou général, tout comme les données probantes du moment le recommandent.

70 personnes ont été retenues pour l’étude. Elles souffraient de douleurs dorsales mécaniques subaigües non-spécifiques et ont été rattachées au sous-groupe des personnes présentant un dysfonctionnement du contrôle du mouvement. Cette qualification résulte de la batterie de tests de Luomajoki (2007) effectués sur ces personnes. Les patients présentant des pathologies sérieuses et des facteurs psychosociaux déterminants comme par exemple la dépression ou la kinésiophobie ont été exclus. Pour arriver à ces résultats, les outils utilisés ont été les PSFS (patient specific functional scale) et le RMQ (questionnaire Roland Morris). Les résultats de la batterie de test de contrôle du mouvement et les douleurs ont aussi été pris en compte.

Les progrès constatés ont été significatifs dans les deux groupes d’exercices. Ceux-ci présentaient néanmoins une différence significative par rapport au questionnaire RMQ et aux PSFS. En effet, les résultats étaient en faveur des exercices de contrôle du mouvement. Les auteurs conclurent que les personnes avec des problèmes du contrôle du mouvement ont mieux réagi avec des exercices spécifiques qu’avec ceux d’ordre général. La fonctionnalité des personnes, auto-évaluée, s’est nettement améliorée dans leur quotidien.

Postface :

En matière de douleurs dorsales, la recherche exige des études avec des sous-groupes. Dans cette étude, les exercices spécifiques sont apparus plus efficaces que ceux d’ordre général. Ce qui à première vue semble logique. Mais dans l’étude suisse de Saner et al. (2015), en présence de paramètres semblables, il a été prouvé le contraire. Des études suédoise et américaine ont étudié la même question. Contrairement à l’étude américaine, la suédoise fait apparaître de manière significative des résultats meilleurs avec les exercices spécifiques. Est-il donc pertinent, en cas de problèmes spécifiques, de pratiquer des exercices également spécifiques ou pas, ce qui n’est pas encore clair. Pour les patients ne présentant « qu »’une problématique de contrôle du mouvement, le faible poids de la douleur joue probablement un rôle. A l’exclusion des facteurs psychosociaux, le type d’exercice n’a éventuellement que peu d’importance, dans tous les cas ils aident. Ceci est comparable avec la question de savoir comment les patients diabétiques s’entraînent et perdent du poids – l’essentiel est qu’ils le fassent !

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Lehtola, V., H. Luomajoki, V. Leinonen, S. Gibbons and O. Airaksinen (2016). "Sub-classification based specific movement control exercises are superior to general exercise in sub-acute low back pain when both are combined with manual therapy: A randomized controlled trial." BMC Musculoskelet Disord 17(1): 135.

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L’entraînement de la proprioception est efficace pour réduire les entorses de la cheville

Une nouvelle revue systématique sur l’entraînement proprioceptif pour réduire les entorses de la cheville a constaté que cet entraînement est nettement plus efficace en comparaison avec d’autres types d’action sans entraînement spécifique.

Les entorses de la cheville sont les blessures sportives les plus fréquentes et se produisent surtout dans les sports où il faut sauter et où il y a contact entre les joueurs tels que : football, basket, volley ou handball. Beaucoup d’études ont déjà été menées pour déterminer l’efficacité de la physiothérapie pour réduire ces blessures. Les mesures dans les anciennes études étaient nombreuses (bandages, taping, orthèses, entraînement musculaire etc…). La plupart des exercices incluaient toutefois des exercices de proprioception. Mais quelle est leur efficacité ?

Les auteurs ont trouvé sept études randomisées effectuées avec environ 3'700 patients présentant ou non des entorses préalables de la cheville. Dans les études, des exercices d’équilibre, avec différents accessoires comme des planches, et des exercices où l’on se tient sur une jambe, ont été pratiqués avec des thérapeutes et à la maison. La fréquence et la durée des exercices varièrent de 10 à 30 minutes par jour, pendant 4 semaines jusqu’à 7 mois. Le groupe de contrôle n’avait pas d’exercices spécifiques pour la proprioception et n’a reçu que des instructions d’exercices classiques sportifs et d’échauffement. L’on a pu noter que le risque de récidive de blessure dans l’année suivante après une entorse de la cheville a pu être réduit de 35 % avec un entraînement de la proprioception.

Cinq de ces sept études ont montré une bonne qualité méthodologique, trois ont même été jugé excellentes sur l’échelle PEDro. Les deux études de qualité moyenne étaient orientées sur la prévention primaire. Une réduction du risque d’environ 40 % a certes être pu être constatée là aussi ; cependant ces résultats doivent être traités avec prudence du fait de la qualité modérée de ces études.

Les auteurs de cette étude systématique concluent que l’entraînement de la proprioception est efficace dans la réduction des récidives de blessures. Mais pour la prévention primaire, au vue des données, aucune déclaration définitive ne peut être faite.

Postface :

Parfois, des résultats étonnamment négatifs ont été mis en exergue concernant l’efficacité de la physiothérapie (citons par exemple les exercices de stabilisation du dos). D’un autre côté, des études montrent des résultats positifs en termes de mesures physiothérapeutiques quotidiennes, comme ici pour l’entraînement de la proprioception. C’est un résultat réjouissant et important, car les entorses de la cheville sont les blessures sportives les plus fréquentes dans les sports de contacts.

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Schiftan, G.S., L.A. Ross, and A.J. Hahne, The effectiveness of proprioceptive training in preventing ankle sprains in sporting populations: a systematic review and meta-analysis. J Sci Med Sport, 2015. 18(3): p. 238-44.

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L’arthroscopie du genou moins efficace qu’un entraînement thérapeutique

Une nouvelle revue systématique sur les études d’arthroscopie du genou, récemment publiée dans le prestigieux British medical journal, déconseille l’arthroscopie du genou. En effet, les bienfaits d’une telle intervention sont certes significatifs, mais bien moindres par exemple qu’avec un entraînement thérapeutique.

Dans le cadre de cette revue systématique, le groupe de recherche suédo-danois constate, avec également une méta-analyse, que les études des 15 dernières années ont clairement mis en évidence la faible efficacité de l’arthroscopie, alors que le taux des opérations augmente continuellement dans tous les pays. Des études montrent, qu’au niveau structurel, les conclusions d’examens IRM effectués sur des sujets sains et sur des patients souffrants de douleurs au genou sont pratiquement identiques. La question étant de savoir si ces résultats structurels ont un rôle à jouer ou pas et donc dans quelle mesure une arthroscopie est indiquée. Le groupe de chercheurs a voulu approfondir la question et a donc analysé tous les articles publiés sur le sujet afin de vérifier avec précision les résultats.

Pour leur revue, les auteurs ont trouvé neuf études d’efficacité dans lesquelles une arthroscopie du genou a été pratiquée pour des patients d’âge moyen jusqu’à avancé, et présentant une dégénérescence ou une lésion du ménisque. Ils ont comparé cette approche avec d’autres procédures telles que la prise de médicaments ou de placebos, mais aussi des programmes d’exercices. Au total, 1200 patients ont été inclus dans l’étude. Les thromboses et les infections comptent parmi les effets secondaires les plus importants constatés, et ce concernant 1 % des patients.

Les résultats sur les patients opérés furent certes peu significatifs, mais les tailles d’effet étaient très petites et disparurent complètement après 6 mois. Par exemple, concernant les douleurs, la différence des groupes était en moyenne de 0.24 jusqu’à max. 10 points sur l’EVA. Concernant les fonctions physiques, à aucun moment une différence significative n’a pu être notée entre les différentes approches.

Les auteurs constatent que les effets, bien que tout juste significatifs, ne justifient pas une arthroscopie du genou, les tailles d’effet étant en effet très minimes. D’une part, largement non pertinents d’un point de vue clinique, mais aussi moindres que par ex. avec un entraînement thérapeutique spécifique pour l’arthrose du genou.

Postface :

Cette étude aborde un thème très actuel et important. En Suisse chaque année env. 20 000 arthroscopies sont pratiquées pour des lésions au ménisque ou des dégénérescences. Le nombre des opérations ces dernières années s’est continuellement accru, bien que les études en aient à de nombreuses reprises confirmé la faible efficacité. Il résulte de cette revue systématique des tailles d’effet de 0.14 pour l’arthroscopie et de 0.5 – 0.64 pour l’entraînement thérapeutique. L’effet est donc 4 fois plus important avec la thérapie. Une arthroscopie coûte entre CHF 3'000.- et 5'000.-, un entraînement thérapeutique médical dans un cabinet de physiothérapie env. CHF 700.-.

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Arthroscopic surgery for degenerative knee: systematic review and meta-analysis of benefits and harms (2015): J B Thorlund, C B Juhl,E M Roos, L S Lohmander. BMJ;350:h2747

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Douleurs dorsales : les exercices du contrôle moteur sont plus efficaces qu’un Training high load

Une nouvelle étude suédoise compare les exercices de coordination pour le contrôle moteur (dits low load exercices) aux exercices de musculation avec poids prenant la forme de « dead lift exercice ». Les 70 patients, randomisés en deux groupes, se sont entraînés pendant huit semaines, en tout douze fois. Le niveau d’activité, défini par le patient lui-même, s’est statistiquement plus amélioré et de façon significative dans le groupe low load que dans le groupe s’entraînant avec des poids.

Il s’avère que les exercices et l’entraînement agissent positivement sur les lombalgies non-spécifiques. Quelle est la meilleure méthode ? Sur ce sujet, la controverse domine. Ces 15 dernières années, les exercices où le contrôle moteur doit être amélioré (dits low load motor control exercices) ont connu un grand succès. D’un autre côté, l’on peut aussi dire qu’en thérapie la capacité de charge du dos est améliorée grâce aux poids, comme dans le groupe qui s’entraîne avec des exercices de musculation (high load lift exercices = HLL). Les chercheurs suédois collaborant avec Björn Aasa ont comparé les deux différents types d’approche.

L’ensemble des 70 patients retenus pour l'étude souffrent de maux de dos chroniques, non spécifiques, mécaniques (depuis en moyenne 6 ans). Les patients atteints de pathologies graves et aussi ceux aux facteurs psychosociaux déterminants, tels que des litiges en cours avec les assurances par exemple, ont été exclus. Les PSFS (patient specific functional scale) ainsi que le RMQ (questionnaire Roland Morris) ont été utilisés pour mesurer les résultats. La batterie de tests de contrôle du mouvement, comme décrits par Luomajoki et al, ainsi que les douleurs ont également été évaluées.

Les deux groupes se sont améliorés de manière significative. Dans les deux groupes, des améliorations cliniques significatives concernant le handicap dans la vie quotidienne (tel que mesuré par le RMQ) ont également été constatées sur 65% des participants à l'étude. Entre les groupes il n'y a pas eu de différence dans le RMQ, ni par rapport à la douleur. Cependant, les PSFS ainsi que la batterie de tests de contrôle du mouvement se sont statistiquement et significativement plus améliorés dans le groupe LMC. Les auteurs sont arrivés à la conclusion que les exercices du contrôle moteur ont pu vraisemblablement mieux s’intégrer dans le quotidien et c’est la raison pour laquelle ils ont pu améliorer explicitement la fonctionnalité du patient, évaluée par lui-même, dans la vie de tous les jours. Ceci a également été démontré par les résultats obtenus par la batterie de tests de contrôle du mouvement, lesquels tests se sont aussi améliorés de façon plus significative dans le groupe LMC.

Postface :

Dans les faits, les études sur les douleurs dorsales montrent depuis longtemps que l’entraînement et les exercices actifs agissent avec efficacité sur ces dernières. Mais il n’est pas clairement établi quel type d’exercice précisément est plus efficace que les autres. Pourtant maintenant, selon cette étude suédoise, les exercices individuels et de coordination prennent le dessus par rapport à un entraînement musculaire classique. Toutefois, il faut relever une différence importante entre les deux groupes, en effet, le groupe LMC a reçu des thérapies individuelles et le groupe HLL a reçu un entraînement de groupe. Il est cependant réjouissant de noter qu’il a été établi que les thérapies individuelles sont plus efficaces qu’un entraînement musculaire standard. N’y aurait-il pas beaucoup de physios, d’après leur propre expérience et instinctivement aussi, prêts à souscrire à cette conclusion ?

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Aasa, B., L. Berglund, P. Michaelson and U. Aasa (2015). "Individualized low-load motor control exercises and education versus a high-load lifting exercise and education to improve activity, pain intensity, and physical performance in patients with low back pain: a randomized controlled trial." J Orthop Sports Phys Ther 45(2): 77-85, B71-74.

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Les ultrasons sont efficaces dans le traitement du syndrome du canal carpien

Une étude taïwanaise met en évidence la plus grande efficacité de la thérapie ultrasons dans le traitement du syndrome du canal carpien par rapport à la paraffine.​

Dans le cadre de l’étude récente du BMC « musculoskeletal disorders », 60 patients ont été séparés en deux groupes thérapeutiques distincts. Tous ces patients présentaient un syndrome du canal carpien constaté cliniquement et par Electro Neuro MyoGraphie (ENMG). Pendant huit semaines, les patients ont reçu une orthèse de nuit et également deux fois par semaine, soit le traitement par ultrasons pour le groupe ansi dénommé et pour l’autre groupe un bain de paraffine.

Dans cette étude méthodologiquement bien menée, les informations obtenues dans le questionnaire de Boston sur le syndrome du canal carpien, rempli par le patient lui-même, ont constitué le résultat le plus important. Ce questionnaire permet aux participants à l’étude d’indiquer la gravité de leurs symptômes et leurs capacités fonctionnelles. La deuxième source de résultats provient des données résultant des tests ENMG portant sur la force et la sensibilité qui ont été réalisés sur les patients.

Dans les deux groupes, il a été constaté, aussi bien subjectivement que physiquement, des améliorations statiquement significatives. En revanche, les indications concernant la fonctionnalité et la douleur étaient significativement meilleures dans le groupe recevant le traitement par ultrasons que dans celui recevant des bains de paraffine. Par contre, dans les mesures physiques (force, sensibilité et mesures ENMG), aucune différence significative n’a été constatée entre les deux groupes.

Les auteurs concluent que le traitement du syndrome du canal carpien avec des ultrasons a conduit à de meilleurs résultats qu’avec la paraffine. En effet, les deux méthodes de traitement, grâce à la chaleur qui en découle, ont toutes les deux eu comme effet une meilleure vascularisation, mais les ultrasons ont été les seuls à engendrer un effet physique (amélioration du métabolisme), ceci expliquant, d’après les auteurs, la différence de résultat entre les deux groupes.

Postface :

L’utilisation d’ultrasons est une méthode physique qui a fait ses preuves depuis longtemps pour les traiter les douleurs musculosquelettiques. Son efficacité est cependant souvent mise en doute. Cette étude, qui compare équitablement deux méthodes de traitement du syndrome du canal carpien, montre la supériorité des ultrasons par rapport à l’application d’une simple chaleur superficielle. Dans l’ensemble, la thérapie fut très pragmatique : une orthèse de nuit pendant 8 semaines et deux fois par semaine, soit ultrasons ou bain de paraffine. Le réglage des ultrasons fut de 5 minutes à 1 W/cm2, cycle mode pulsé ¼. La question peut se poser de savoir si les résultats ne pourraient pas être encore meilleurs avec une utilisation plus fréquente, combinée avec des mesures actives qui n’ont pas été citées dans l’étude.

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Comparative effectiveness of ultrasound and paraffin therapy in patients with carpal tunnel syndrome: a randomized trial (2014) : Yi-Wei Chang, Shih-Fu Hsieh, Yu-Shiow Horng, Hui-Ling Chen, Kun-Chang Lee and Yi-Shiung Horng BMC Musculoskeletal Disorders 15:399

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Les hernies discales et les dégénére-scences révelées aux radios sont aussi courantes chez les patients sains que chez ceux souffrant de mal de dos.

Une revue médicale américaine a ré-cemment publié un article synthéti-sant 33 études sur des résultats en radiologie, et qui étonamment con-clue entre autres que les constats d’hernies discales et de dégénéres-cence sont presque aussi fréquents chez les personnes saines que chez celles souffrant de douleurs dorsales.

Pour cet article volumineux (33 études et plus de 3110 cas), les résultats ont été classés par groupe d’âge. Ainsi, les radios ont montré que p.ex. les personnes de 20 ans (37 %), 30 ans (52 %) et 50 ans (80 %) sont déjà at-teints de dégénérescence. La propor-tion est pour les hernies discales resp. de 30 %, 40 % et 50 %.

Les auteurs notent que les cas dégé-nératifs et discogènes sont très fré-quemment relevés lors des examens radiologiques et doivent donc être considérés comme un processus nor-mal de vieillissement. Lorsqu’il s’agit de prendre une décision, il est important de toujours établir une évaluation précise du tableau clinique afin d’en mesurer la pertinence.

Postface :

« Presque tous les patients arrivent en thérapie avec leurs radios et la problé-matique suivante : ils ont lu le rapport et pensent que leur dos est complète-ment « fichu ». Il est important de leur rappeller que quasiment personne ne possède une radio sans conclusions et leur dire aussi qu’une étude a claire-ment démontré qu’en soi une radio ne peut encore rien révéler sur les dou-leurs. Notre système médical pointu a développé une approche pathogène où presque tout le monde est malade – bien que les radios ne révèlent en fait que des changements normaux de la colonne vertébrale. Pour apaiser les patients, de telles études peuvent leur être montrées et expliquées. »

Prof. Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Systematic Literature Review of Imaging Features of Spinal Degeneration in Asymptomatic Populations. W. Brinjikji, P.H. Luetmer, B. Comstock, B.W. Bresnahan, L.E. Chen, R.A. Deyo, S. Halabi, J.A. Turner, A.L. Avins, K. James, J.T. Wald,

D.F. Kallmes, and J.G. Jarvik. AJNR Am J Neuroradiol, Nov. 2014

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