Les facteurs psychosociaux jouent un rôle essentiel dans la chronicisation des douleurs d’épaule

Rapport du Prof. Dr Hannu Luomajoki, ZHAW Winterthour, Institut de physiothérapie

Une étude britannique de grande ampleur a pu établir que les facteurs psychologiques avaient une plus grande influence que certaines observations structurelles spécifiques sur la chronicisation des douleurs d’épaule en phase aiguë. L’étude s’est intéressée à 1 030 patients atteints de douleurs d’épaule aiguës traitées par physiothérapie. Au total, 71 facteurs potentiels ont été examinés. Les résultats ont été mesurés et comparés au moyen des questionnaires SPADI et DASH à 6 semaines, puis à 6 mois, l’attention étant portée sur les relations entre douleur et fonction. Les données ont été analysées au moyen d’un modèle de régression linéaire à variables multiples.

Les patients dont les douleurs pouvaient être provoquées par des mouvements du cou ou de la colonne vertébrale thoracique ont été exclus, de même que les patients en phase postopératoire ou présentant des radiculopathies, des fractures ou d’autres traumatismes. Les pronostics possibles ont reposé sur différents critères, notamment le tabagisme, le niveau d’activité physique, l’attente du patient quant à son rétablissement et l’anxiété, ainsi que sur des observations cliniques structurelles.

Les données obtenues ont montré un bon résultat des facteurs pronostiques à 6 mois (plus de handicap/douleur). Cela supposait toutefois que, pour le patient, le niveau de handicap ressenti était important au quotidien et son attente d’un « rétablissement complet » grâce à la physiothérapie était également élevée. Il en était de même si l’auto-efficacité était plus élevée et la douleur au repos plus marquée.

Les auteurs de l’étude sont surpris par les résultats et soulignent qu’il est primordial de prendre en compte ces facteurs étudiés chez les patients souffrant de douleurs d’épaule face aux résultats de la thérapie.

Commentaire :

Dans le contexte des dorsalgies, on sait que les aspects psychosociaux sont les facteurs les plus importants pouvant mener à une chronicisation. Il semblerait maintenant que cela soit aussi le cas dans les douleurs d’épaule, à la différence toutefois que les études sur les dorsalgies ont inclus des patients dont les douleurs étaient déjà chroniques. Ceux-ci présentaient davantage de facteurs psychosociaux que les patients pour qui le traitement a été efficace. La question est donc de savoir, comme pour l’œuf ou la poule, ce qui était là en premier. Il semblerait qu’on ait maintenant une certitude en ce qui concerne les douleurs d’épaule. Par ailleurs, une étude sur les dorsalgies est actuellement menée sur ce sujet précis à la ZHAW.

Chester R, Jerosch-Herold C, Lewis J, Shepstone,L: (2016): Psychological factors are associated with the outcome of physiotherapy for people with shoulder pain: a multicentre longitudinal cohort study. Br J Sports Med Published Online First: [published on July 21,] doi:10.1136